AVERTISSEMENTS
AGRICOLES olp - 7 - 8 - 68 823708
PUBLICATION PÉRIODIQUE
EDITION de la STATION " AQUITAINE " (Jé\. 92.06.25 et 92.26.94) abonnement annuel
GIRONDE, DORDOGNE, LOT-&-GARONNE,
LANDES, BASSES-PYRÉNÉES, CHARENTE, CHARENTE-MARITIME
Sous-Régisseur d' Avances et de Recettes, Direction Départementale de l'Agriculture
Chemin d'Artigues, 33 - CENON
C. C. P. . BORDEAUX 6702-46
.etin Technique N° 95 d’Août 1968
25 F.
1968-25
Depuis deux ans, l’attention des viticulteurs est retenue par une affection qui
semblait avoir disparu du vignoble Charentais .
A la demande des Conseillers Agricoles, des vignerons et de certains Technioiens
intéressés nous avons, dès 1967, examiné sur place l’aspect et l’importance des dégâts.
Une identification précise n’a pu être faite mais l’hypothèse d’une maladie bactérienne
a cependant été avancée. Nous pensions déjà à la maladie d’Oléron signalée récemment en
Savoie et dans le Midi de la France.
Le Prof. BRÂNAS, en visite à Aigre (Charente) le 16 mai dernier a identifié cette
affection sur Alicante Bouschet, dans un foyer de quelques ares, comme étant la maladie
bactérienne étudiée et décrite par RAVAZ dans les années 1894 à 1896, Elle existait dans
le vignoble de la région et notamment dans l’Ile d’Oléron, ce qui lui a donné son nom.
Le 22 juin dernier, nous avons envoyé à M. BRANAS des échantillons d’ïïgni Blanc et d’Ali-
cante Bouschet récoltés en Charente Maritime et qui paraissent atteints par la môme
maladie.
Les dégâts : portent sur l’ensemble de la souche amenant une destruction progres-
sive de la végétation suivie à plus ou moins brève échéance par la mort du cep.
Au printemps, le débourrement parait à peu près normal, mais rapidement, certains
bourgeons cessent de se développer et se dessèchent. AO. début de l’attaque, la couleur de
l’écorce de la base des pousses est modifiée. Des taches allongées et renflées, de teinte
jaunâtre virant au brun sur les cépages blancs, ou bien rouge vineux à rouge brun sur les
cépages rouges, forment bientôt des crevasses profondes pouvant atteindre la moelle. Les
tissus envahis ne tardent pas à se décomposer. Par temps humide les crevasses s’étendent
rapidement et détruisent les bourgeons. En période sèche, les nécroses évoluent peu, les
rameaux atteints poussent en crosse, mais ils restent fragiles, et sensibles au vent.
Les crevasses importantes et continues à la base des pousses, deviennent plus
petites à partir des quatrième et cinquième feuilles et se localisent au niveau des
noeuds.
Nous avons noté que les rameaux situés à l'extrémité des "lattes” ou sur les
coursons sont les plus atteints. Le nombre d'yeux "sourds” semblent anormalement élevé
sur les souches malades.
Vers la mi- juin, lorsque la végétation devient active, il ne semble pas y avoir
de nouvelles contaminations graves et seuls les rameaux touchés au printemps dépérissent.
Des crevasses identiques mais plus petites se rencontrent sur les pétioles des
feuilles, les pédoncules et la rafle des grappes.
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Les pousses contaminées présentent un feuillage dont l’aspect diffère selon la
gravité des lésions* Ce dessèchement partiel ou total intervient si le pétiole est altéré
sur tout son pourtour. Sur les cépages rouges, les feuilles situées du côté des lésions,
prennent avant de sécher, une coloration rougeâtre caractéristique.
Dans certains cas, les feuilles de la base présentent de nombreuses petites
taches anguleuses, jaunâtres puis brunes et se dessèchent rapidement.
Les attaques sur les grappes sont évidemont très graves puisqu’elles détruisent
la récolte. Elles nous ont cependant paru assez rares dans les foyers visités.
Les dégâts sur les sarments aoûtés, les bras et le tronc sont moins visibles
pour le viticulteur. Les bras présentent le plus souvent, des bandes longitudinales
déprimées et sèches. Une coupe transversale permet d’observer des nécroses où la sève
ne peut plus circuler.
Les travaux de RAVAZ ont montré que si cette maladie bactérienne atteint en pre-
mier les parties aériennes, les racines superficielles peuvent également être attaquées.
Dans les cas examinés, le porte-greffe (Rupestris) paraît indemne ou peu touché. Les né-
croses s'arrêtent au niveau de la soudure.
Etat actuel de l'invasion t Cette maladie nous a été signalée dans différentes
communes, et notamment à St-Pierre d'Oléron, Chenac-s/Gironde, Floirac, Virollet, Grezac,
Sablonceaux -en Charente Maritime- et Villejésus en Charente.
L'étendue des foyers est très variable de quelques ares à un hectare, avec tou-
jours une partie plus atteinte. Ces "ronds" se situant en général dans les zones plus
humides où la maladie trouve des conditions favorables.
Quoique cette découverte soit récente, il est vraisemblable que la maladie
existe dans notre région depuis longtemps. Un viticulteur de St-Pierre d'Oléron avait
déjà observé des dégâts semblables sur Alicante Bouschet, il y a plus de dix ans.
Il n'est pas possible jusqu'à présent de dresser un inventaire des cépages sen-
sibles. Nous signalerons cependant que l'affection existe sur Alicante Bouschet, Grand
Noir de la Calme tte, Ugni Blanc et Baco 22 A.
Enfin il paraît intéressant de noter que la plupart des parcelles contaminées ne
reçoivent que des traitements à base de fongicides organiques en début de saison, ce qui
viendrait encore confirmer le pouvoir bactéricide du cuivre.
Traitements : Dans l'état actuel des recherches, les moyens de lutte restent
limités.
Le transport des bactéries paraissant possible par les instruments de taille, on
aura intérêt à tailler en dernier les ceps malades.
La taille de préférence en automne doit être accompagnée par la désinfection
des plaies avec une solution de sulfate de cuivre à ICÇo.
Le reoépage des souches dès l'apparition des premiers symptômes constitue peut
être également un moyen efficace.
R. HÜDE
Contrôleur de la Protection des Végétaux
à COGNAC
Le Contrôleur L'Inspecteur
chargé des Avertissements de la Protection des Végétaux
C. ROUSSEL J. BRUNETEAU
Imprimerie de la Station de Bordeaux
Directeur-Gérant : L. BOUYX